Ils me suivent en criant.
Leur faciès est immonde, ils vocifèrent et grondent...
Ils ont des dents pointues et des griffes acérées,
Leurs yeux lancent des flammes, ils sont vieux comme le monde.
Je sens leur souffle chaud, leurs salives ravalées;
Et de leur pupille jaune, ils fixent leur dîner.
C'est le Mal et la Fange, avides, et despotiques;
Rien ne sert de courir, ou bien de se cacher;
Ont-ils déjà mangé le berger famélique?
Ont-ils déjà détruit la rivière et ses berges?
Je les sens derrière moi, à guetter mes faux pas
Grattant le sol terreux et soufflant sur mes cierges
Obscurité pressante, bientôt sonne le glas...
Je me retourne et je les fixe, de mon regard
Lucide
Canines, toison soyeuse. Salive, pupille en sang.
J'ose un pas puis un autre, plonge dans leurs yeux avides
Je ne cille ni ne flanche, j'approche intensément.
La rondeur jaune faiblit, je me mets à genous
Ils s'allongent sur le flanc et se mettent à gémir.
Doucement je me lève, j'avance et les cris fous
Se changent peu à peu en l'Unique Psalmodie.
Je pose la main sur une échine
Je suscite un vague tremblement
Soulève une patte, éveille grondement.
Le sang s'écoule, là où l'épine
perça la chair profondément.
D'un coup sec je la tire,
Et enfin je m'éloigne.